Classée monument historique, la cité scolaire Marie Curie, perchée sur une colline au sommet de Sceaux, se remarque de loin, tel un château fort ! On parle d’ailleurs de « palais pour l’éducation »… Avec ses tours, sa Cour d’Honneur, son Grand Hall et ses souterrains, les élèves aiment la comparer à Poudlard. Mais ici, point de style médiéval : l’architecture est résolument Art déco, typique des années 1930, époque de sa construction. Suivez le guide, des terrasses panoramiques — avec vue sur le château de Sceaux et la tour Eiffel — jusqu’aux mystérieux abris dissimulés dans ses entrailles !
Même s’il n’a jamais été surnommé le plus beau lycée de France comme son rival scéen, la cité scolaire Lakanal inaugurée en 1885, le lycée Marie Curie n’en demeure pas moins un superbe édifice chargé d’histoire. En 1930, la ville de Sceaux acquiert un terrain de 18 870 m² : une vaste propriété, avec maison et parc, ayant appartenu au célèbre mathématicien Augustin-Louis Cauchy, qui y vécut et y mourut en 1857. La maison de maître, construite dans la seconde moitié du XVIIe siècle, est l’un des plus anciens édifices de la ville. Entre 1932 et 1936 — dates gravées de part et d’autre du carillon octogonal de la Cour d’Honneur — le lycée Marie Curie est édifié dans le parc, tandis que la maison devient un logement pour les professeurs. Comme l’ensemble du site, elle est inscrite à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 2001.
Etablissement d’excellence (le lycée Marie-Curie se hisse en tête du classement des meilleurs lycées des Hauts-de-Seine en 2025), la cité a été édifiée par Émile Brunet, architecte en chef au service des Monuments historiques, formé à l’école de Viollet-le-Duc. Il fut également l’élève d’Anatole de Baudot, restaurateur du Mont Saint-Michel et architecte du lycée de garçons Lakanal en 1885. Le lycée Marie Curie figure aujourd’hui parmi les bâtiments scolaires les plus remarquables des années 1930. Sa maquette est d’ailleurs exposée à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, à Paris. Son plan en peigne, en double fer à cheval, épouse harmonieusement la pente du terrain. Au nord, dans sa partie la plus haute, s’élève un imposant corps de bâtiment long de 137 mètres, qui forme la façade principale. À ses deux extrémités s’attachent deux ailes perpendiculaires, de dimensions similaires : 100 mètres à l’est, 96 à l’ouest. Deux ailes médianes, plus courtes, viennent encadrer trois cours surélevées.
En 1932, l’État confie à l’architecte Émile Brunet la construction d’un lycée de jeunes filles, alliant les prouesses techniques du béton armé à la richesse décorative de la brique. Il s’entoure alors d’une équipe d’artisans d’exception : le sculpteur Albert Chartier, le ferronnier Raymond Subes, le maître verrier Louis Barillet, et le mosaïste Auguste Labouret.
Il faudra toutefois attendre le 19 juin 1937 pour l’inauguration officielle, présidée par Jean Zay, ministre de l’Éducation nationale du Front populaire, tragiquement assassiné par la Milice en 1944. Émile Brunet, la directrice Suzanne Forter — à la tête de l’établissement jusqu’en 1954 — ainsi qu’Irène Joliot-Curie, fille aînée de la célèbre scientifique, assistent également à la cérémonie.
C’est en 1938 que le lycée prend officiellement le nom de Marie Curie, en hommage à la grande savante scéenne, décédée trois ans plus tôt. Il devient alors le premier établissement d’Île-de-France à porter le nom d’une femme. Son buste en marbre gris poli, réalisé par Louis Albert Chartier, trône aujourd’hui dans le vestibule.
Saviez-vous que sous la Cité Scolaire Marie Curie à Sceaux se cachent des abris souterrains datant des années 1930 ? J’ai eu la chance d’y pénétrer, guidé par Hélène Offret, ancienne élève devenue chercheuse spécialiste de la défense passive, et Chloé Dupart, professeure d’histoire dans l’établissement et présidente de l’association du Musée du lycée.
Une porte discrète s’ouvre sur un escalier plongeant dans les entrailles du bâtiment. Sur le mur, une inscription en lettres noires parfaitement conservée attire l’attention : « FUMER ». Elle date pourtant de plus de 80 ans ! Bien sûr on ne vous incite pas à fumer, mais le « DEFENSE DE » a simplement été recouvert de peinture. Il ne fallait surtout pas fumer dans ces souterrains ! Un vestige du passé, comme ces anciens vestiaires encore marqués d’indications de classe – « 3ᵉ 10 », accompagnées d’un fléchage pointant vers les abris.
Nous pénétrons ensuite dans un long couloir qui dessert plusieurs pièces : l’un des abris renferme une réserve de mobilier d’époque (mosaïques, vitraux…), un autre conserve du matériel informatique, un troisième abrite le système qui alimentait autrefois la fontaine de la cour — hélas hors service aujourd’hui —, et un quatrième accueille le musée du lycée Marie Curie.
Chaque niveau scolaire (troisième, seconde, première…) avait son propre abri. Attention, il ne s’agit pas de bunkers (un terme réservé aux constructions allemandes), mais bien d’abris de défense passive construits par la France dans les années 1930, par crainte d’un nouveau conflit. Finalement, ils n’ont servi qu’à des exercices, entre 1936 et 1940… avant d’être occupés, d’octobre 1940 au 17 août 1944, par la Luftwaffe, qui y établit son quartier général. Des batteries anti-aériennes furent installées sur les terrasses. Lors de la construction du lycée (1932-1936), l’architecte Émile Brunet avait dû intégrer ces abris, conformément à la loi de 1935. Conçus pour les élèves, ils devaient également pouvoir accueillir la population du quartier.
Nous entrons ensuite dans le plus vaste des neuf abris de la cité scolaire, aujourd’hui utilisée comme salle d’archives. Des cartons y renferment les dossiers scolaires des élèves depuis les années 1950. Les plus anciens (datant des années 1930-40) ont été transférés aux archives départementales, faute de place. C’est ici que les élèves — exclusivement des jeunes filles à l’époque — et le personnel se regroupaient avant d’être répartis dans les abris plus petits selon leur niveau scolaire. Hélène nous montre un vestige poignant : un masque à gaz d’époque, toujours conservé avec sa pochette cylindrique en bandoulière. Les élèves devaient l’apporter chaque jour en classe, comme un masque Covid… mais bien plus encombrant !
Autre découverte passionnante : le musée du lycée Marie Curie. On y trouve une cabane avec des toilettes sèches d’époque (il en reste très peu dans un tel état de conservation), des cartes scolaires des années 1950-60, des casiers… et un mystérieux objet longtemps utilisé comme porte-parapluie. Mais en y regardant de plus près, Hélène et Chloé découvrent qu’il s’agit en réalité d’un conteneur parachuté par l’armée allemande, destiné au transport de vivres, de matériel ou de munitions !
En poursuivant l’exploration, nous tombons, au détour d’un couloir, sur de vieux graffitis laissés par les occupants d’autrefois : « 1944 », sans doute gravé par une élève galvanisée par la nouvelle du Débarquement, ou encore « Agents Lakanal », clin d’œil à l’autre grande cité scolaire de Sceaux, où les jeunes filles de Marie Curie avaient trouvé refuge pendant l’Occupation. Quant au fameux souterrain secret qui relierait Marie-Curie à Lakanal… on le cherche encore. Légende urbaine ou réalité ?
Le voyage est la passion de ma vie : chaque départ est une aventure, peu importe la destination, et chaque fois que je prends l'avion, c'est comme la première fois.
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2 commentaires sur « La Cité scolaire Marie Curie à Sceaux, des abris souterrains aux terrasses panoramiques »
beautiful! Sources Indicate [Potential Collaboration] on [Global Project] 2025 enchanting
Bonjour très cher Nicolas, Tu es le sauveur, Merci mille millions de mille fois pour cet article intéressant surtout je fan de Pierre et Marie CURIE, et j’ai visité plusieurs fois leurs musée à Paris, L’école très intéressante, article bien riche : explication, photos, bien réussi, culture générale, histoire, et cerise sur le gâteau : l’humour, voilà, Bon courage à toi et cet article est un trésor de connaissance, Grand merci Nicolas,
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Bonjour très cher Nicolas, Tu es le sauveur, Merci mille millions de mille fois pour cet article intéressant surtout je fan de Pierre et Marie CURIE, et j’ai visité plusieurs fois leurs musée à Paris, L’école très intéressante, article bien riche : explication, photos, bien réussi, culture générale, histoire, et cerise sur le gâteau : l’humour, voilà, Bon courage à toi et cet article est un trésor de connaissance, Grand merci Nicolas,
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