La Grande Barrière australienne et autres merveilles du monde du silence à l’Aquarium de Paris

Contrairement à la Muraille de Chine, elle est vraiment visible depuis l’espace. C’est la plus grande structure vivante du monde : 344 400 km² s’étendant sur plus de 2 300 kilomètres. La Grande Barrière de Corail d’Australie, classée au patrimoine de l’humanité par l’UNESCO, est une merveille malheureusement menacée. Cet été, une exposition passionnante a expliqué les enjeux autour de ce joyau australien à l’Aquarium de Paris. Une invitation à plonger dans le monde du silence, l’occasion de caresser une carpe, de contempler une sirène, et d’apprendre une foule d’informations étonnantes en admirant méduses, pieuvres, murènes, raies, requins et autres poissons étranges, avec un coup de cœur pour les aliens du surprenant royaume de la mangrove !

© Tourism Australia – La Grande Barrière de Corail en Australie, plus grand récif coralien de la planète, s’étendant sur plus de 2 300 km sur une superficie de 344 400 km².

La Grande Barrière de Corail d’Australie était à l’honneur du 28 juin au 29 août 2021, grâce à l’exposition « Voyage au cœur des récifs » à l’Aquarium de Paris, qui jouit d’un emplacement imprenable juste en face de la tour Eiffel, dans les jardins du Trocadéro. Construit à l’occasion de l’Exposition Universelle de 1867, l’Aquarium du Trocadéro comme on l’appelait alors est le plus ancien du monde ! Jules Vernes s’en inspira pour son roman Vingt mille lieues sous les mers. Il fut longtemps le plus grand aquarium de la planète, mais ferma pour vétusté en 1985. Il a fallu patienter plus de 20 ans avant sa réouverture en 2006.

© Tourism Australia – Cowtail Stingray ou raie pastenague.

L’aquarium de Paris vous emmène non pas 20 mille lieues sous les mers, mais à un peu moins de 20 000 km (17 000), en Australie, dans la Grande Barrière de Corail. On croit souvent à tort que le corail appartient au monde végétal, mais non, c’est bien un animal (une multitude de minuscules animaux pour être exact), de la superficie de l’Allemagne ou du Japon ! Le plus grand récif de corail au monde s’étend de la péninsule de Cape York au nord du Queensland jusqu’à Bundaberg au sud, concentrant plus de 3 000 coraux différents et 900 îles. Un joyau très fragile, 30% des coraux sont morts en 2016… Il a fallu 18 millions d’années pour qu’elle se forme, mais quelques minutes suffisent pour la détruire… Quand le corail, meurt, il blanchit. Lorsque vous trouvez du corail blanc, ne le prenez surtout pas, car les larves se fixent dessus et lui permet de se regénérer.

 Les coraux, qui abritent 75% des poissons de la planète, ont besoin de lumière, c’est pourquoi ils vivent dans des eaux peu profondes et transparentes, à moins de 30 mètres de la surface. La fluorescence des coraux leur permet d’émettre une partie de la lumière absorbée. Un spectacle féerique !

La Grande Barrière de corail est un paradis pour la baignade, la plongée sous-marine et de belles promenades en mer. De quoi donner des envies de s’envoler en Australie ! Les Australiens sont fiers d’être responsables de la sauvegarde de cette grandiose œuvre d’art naturelle, une icône mondiale qui fait partie intégrante de l’identité nationale. Les Aborigènes entretiennent un lien spirituel et physique avec la Grande Barrière de corail depuis 60 000 ans… L’urbanisation du littoral, la surpêche et le réchauffement climatique sont autant de menaces pour la Grande Barrière. Afin de préserver cet écosystème aussi sublime que fragile, voici six mesures simples pour participer à la protection du plus grand récif corallien de la planète.

L’exposition « Voyage au coeur des récifs » à l’Aquarium de Paris s’est achevée le 29 août 2021.

Cette exposition fut une belle entrée en matière pour prendre la mesure de la beauté et de la fragilité des océans. Il est temps d’admirer de plus près les hôtes de l’Aquarium de Paris, dont l’un des moments forts est l’observatoire des requins. Certes ce sont des poissons et non des mammifères comme les dauphins ou les baleines, mais ils n’ont pas d’arrête ni d’écaille, seulement du cartilage. Myope comme une taupe, le requin se rattrape en repérant les vibrations et son odorat a une portée de 10 km ! Pour info, la Journée internationale du requin, c’était le 30 août.

L’observatoire des requins. à l’Aquarium de Paris.

Pour repérer un mâle, facile, il a deux pénis ! On remarque d’emblée les requins dormeurs : ils dorment au sol, jusqu’à 19h par jour ! Les aquariums européens se prêtent régulièrement des espèces. Vous voulez savoir d’où ils viennent ? Simple, demandez leur nom ! Par exemple, le requin Malo vient de l’aquarium de Saint-Malo.

Les requins dormeurs de l’Aquarium de Paris. La probabilité de les voir nager est faible, ils sont réveillés 5h par jour…

Le plus étonnant à observer, c’est le requin-chabot ocellé, unique poisson au monde qui peut marcher sur la terre ferme ! Présent dans l’océan Pacifique et notamment en Australie, le requin-chabot est dur à repérer car il se cache tout le temps dans les rochers, y compris à l’Aquarium de Paris ! Nous avons eu la chance de l’apercevoir.  Il vit dans les eaux peu profondes de la Grande barrière de Corail, attendant la marée basse. Ce petit requin qui ne dépasse pas 1 mètre de long est remarquable car il marche littéralement à l’aide de ses nageoires et peut survivre plusieurs heures hors de l’eau ! Il se sert de ses nageoires comme des pattes pour rejoindre des flaques d’eau où il se réoxygène. Précisons qu’à l’aquarium de Paris, ce n’est pas le requin-chabot ocellé mais Chabot (tout court) et chabot-bambou que l’on aperçoit.

Le requin-Chabot à l’Aquarium de Paris se montre rarement.

« Elle a fait un bébé toute seule », chantait Jean-Jacques Goldman. Et bien le requin marteau aussi, capable de cloner son ADN ! On apprend d’autres informations étonnantes sur les requins, par exemple, certains vivent jusqu’à près de 400 ans ! Ils sont apparus il y a 420 millions d’années, 200 millions d’année avant les dinosaures, et ils sont toujours là, ayant survécu à cinq extinctions de masse. Malheureusement, on se demande s’ils survivront à l’actuelle…

Ce requin du Groenland se promenait déjà dans l’océan Arctique à l’époque de Louis XIII et Richelieu !

Mais les requins ont d’autres surprises sous leur aileron ! La plupart ne s’arrêtent jamais de nager, sinon ils meurent, donc ils nagent même en dormant, bref, ils sont toujours fatigués ! En effet, le seul moyen qu’ils ont pour que l’eau traverse leurs branchies est de nager en permanence. Sinon, c’est l’asphyxie. Certaines espèces qui vivent près des récifs peuvent se poser au fond de l’eau, face au courant, suffisant pour capturer l’oxygène nécessaire à leur survie. C’est le cas du requin-dormeur, exception à la règle. Vous l’aurez compris, le requin est souvent fatigué et donc, un peu paresseux sur les bords… il préfère s’attaquer aux poissons faibles, vieux, blessés et malades, c’est plus facile ! C’est pourquoi on dit que les requins régulent la population de poissons, ce sont les médecins de l’océan !  Grâce à eux, seuls restent les plus forts, ceux qui se reproduisent.

© Tourism Australia – Le majestueux requin baleine.

Certes, ils sont au sommet de la chaîne alimentaire, mais sachez qu’ils ont peur des dauphins, très intelligents et très forts, et des orques. Mais son prédateur le plus virulent, c’est nous bien sûr ! On se focalise souvent sur le grand requin blanc des Dents de la Mer, mais sachez que 80% des requins font moins d’1m50 et la plupart sont inoffensifs. Sur 540 espèces de requins, seules cinq ont attaqué l’homme. Le requin tigre, le requin blanc, le requin bouledogue, le requin mako et le requin longimane. Ils vous font peur ? Vous avez bien plus de chance de mourir foudroyé ou à cause d’une chute de noix de coco que de vous faire tuer par un requin. Sachant que l’animal le plus dangereux du monde est le moustique, dont la piqure tue plus d’humains en 24h que le requin en 100 ans… Aujourd’hui la plupart des requins sont en voie de disparition, malheureusement.

Le ballet des méduses, non pas à l’opéra mais à l’Aquarium de Paris, qui abrite l’une des plus grandes collections d’Europe.

Ce qui n’est pas du tout le cas des méduses, qui, elles prolifèrent comme des rats ! Il faut dire que leur principal prédateur, la tortue de mer, les confond avec les sacs plastiques, et sont en voie de disparition. D’ailleurs, vous n’en verrez pas à l’aquarium de Paris, car elles sont réservées aux aquariums du littoral, ce qui arrange bien nos méduses. L’une des grandes fiertés de cet aquarium, c’est d’abriter la plus belle collection de méduses en Europe, avec 24 bassins et 45 espèces. On n’aime pas trop les voir en mer, mais là, à l’abri, c’est autre chose, et on en profite pour admirer la grâce de cet étrange animal constitué de 98% d’eau, qui n’a ni cerveau, ni squelette. La méduse appartient à la même famille que les coraux, les anémones de mer ou encore les gorgones : tous font partie du groupe des Cnidaires. Mais la méduse est aussi considérée comme un plancton (du grec errant) car elle se laisse dériver au gré des courants. Nous aussi, quand nous faisons la planche, nous sommes du plancton !

© Tourism Australia La disparition des tortues de mer contribue à la prolifération des méduses.

Elles commencent leur vie sous la forme d’un polype (comme du corail ou une anémone de mer), accrochées au fond marin, avant de se transformer en méduses, explorant les océans au gré du courant. Parmi les innombrables espèces, trois ont attiré notre attention. La méduse à crinière de lion, la plus grande du monde, peut atteindre les 2,5 mètres de diamètre, et possède parfois 800 tentacules pouvant mesurer jusqu’à 40 mètres de long ! Autre record, la cuboméduse d’Australie, l’un des animaux les plus dangereux du monde, qui peut vous tuer en quelques minutes avec son venin. On la surnomme la « guêpe des mers » ou encore « main de la mort »… Quant à la troisième, elle est carrément immortelle ! La Highlander des mers, dont le nom latin est Turritopsis nutricula, redevient polype à la fin de sa vie, puis se retransforme en une minuscule méduse, dans un cycle infini, un peu comme dans le film L’Etrange cas de Benjamin Button, tel un papillon redevenant chenille !

Les méduses figurent parmi les stars de l’Aquarium de Paris

Petit rappel, si vous vous faites piquer par une méduse, oubliez le coup du pipi sur la blessure, comme dans les films, et l’eau douce, qui aggrave la brûlure ! De l’eau de mer et une source de chaleur comme un sèche-cheveux, et on n’en parle plus. Cela dit, on n’en a pas toujours un avec soi à la plage, donc frotter avec du sable chaud fera très bien l‘affaire.

Ingrid la sirène de l’Aquarium de Paris.

Les enfants seront sensibilisés à la cause de la protection des océans, tout en s’émerveillant devant les requins et les raies, Nemo le poisson clown et Dori le poisson chirurgien, avec en point d’orgue le bassin des carpes Koï qu’ils pourront caresser, et le spectacle de la sirène. Car oui, les sirènes existent, nous en avons vu une à l’Aquarium de Paris ! Elle ne s’appelle pas Ariel, mais Ingrid la sirène, et nage avec grâce en compagnie des mérous, du requin zèbre et de la raie aigle, devant les yeux ébahis des enfants, émotion garantie ! L’occasion de rappeler que dans la mythologie grecque, les sirènes dont le chant envoûte Ulysse et ses compagnons dans l’Odyssée d’Homère, ne sont pas des femmes à queue de poissons, mais des créatures mi femme mi oiseau. C’est pour cela que nos ancêtres croyaient voir une sirène en voyant nager une raie, tel un oiseau avec ses ailes. Elles figurent ainsi en bonne place dans les cabinets de curiosité.

Ingrid la sirène à l’aquarium de Paris.

Autre information passionnante expliquée ici, l’étroite collaboration entre les espèces : nourriture contre protection, un système très répandu dans le monde du silence. Par exemple, le rémora est un poisson qui se nourrit des restes des requins, toujours collé à lui. En échange de sa protection, il nettoie ses parasites. De même, les poissons-clowns trouvent refuge au sein des tentacules des anémones de mer (comme on le voit dans Nemo) et leur laissent de la nourriture. Idem pour la crevette nettoyeuse qui mange les parasites et les bactéries des poissons, et cure les dents de la murène. Ce redoutable prédateur toujours caché dans son antre peut vous arracher un doigt et sa morsure s’infecte très facilement. Jadis, on jetait ainsi les prisonniers dans des fosses à murènes…

© Tourism Australia – Poissons clown et anémones collaborent : protection contre nourriture !

Et les cigales de mer, pourquoi on les appelle ainsi ? Tout simplement car le son qu’elles produisent lorsqu’on les sort de l’eau vous envoie tout droit en Provence : tchtchtchtchtch… Tiens, voici la gentille étoile de mer que les enfants adorent ! C’est en réalité un redoutable prédateur sans pitié avec les oursins…

Autre espèce fascinante rencontrée au détour d’un bassin de l’Aquarium de Paris, la pieuvre (aussi appelée poulpe ou octopus) de la famille des céphalopodes (calmar, seiche…). Ces animaux sont considérés comme étant les plus intelligents des mollusques et même des invertébrés. On se souvient de Paul le poulpe qui prédisait tous les matchs de la Coupe du Monde… Plus sérieusement, le poulpe est un animal extrêmement intelligent capable de dévisser le couvercle d’un bocal pour y récupérer un crabe. Il faut dire qu’il a neuf cerveaux, un dans sa tête et un dans chacune de ses huit tentacules. Comme un caméléon, il change de couleur, mais il est bien plus fort car pour se camoufler, il change aussi de peau (rugueuse ou lisse) et de forme ! Vous croyez voir une plante marine, un bernard l’hermite ou une roche ? Et non, c’est un octopus !

La pieuvre : neuf cerveaux sous les mers

Après avoir vu des poissons transparents ou d’autres très fin toujours la tête en bas, mais aussi des poissons licorne, cocher, papillon, clown, chirurgien, lune d’argent, lion, pyjama, prêtre… vous vous dites que plus rien ne peut vous étonner. C’était avant d’arriver dans la mangrove, royaume de l’étrange. Réunion de l’eau douce, de l’eau salée et d’une forêt de palétuviers, la mangrove abrite des espèces uniques, et vraiment originales ! Un milieu très fragile particulièrement menacé, 50% de la mangrove ayant disparue depuis les années 2000…

© Tourism Australia – Etonnant Lionfish.

On y trouve donc le poisson archer, qui crache jusqu’à 2 mètres de haut sur les insectes qui volent au-dessus, et ne rate jamais sa cible ! Son camarade l’anableps a carrément quatre yeux, deux sur le dessus de l’eau et deux en-dessous, qui lui permettent de voir à la fois sous et hors de l’eau, pratique ! Encore plus fort, le périophtalme : un poisson qu’il ne faudra pas forcément chercher sous l’eau, car il se promène aussi sur la terre ferme ! Surnommé poisson-grenouille, il possède une respiration cutanée (par la peau) qui lui permet de vivre provisoirement à l’air libre. Puis quand il retourne à l’eau, il reprend l’option branchies… Soyez patient et prenez le temps d’observer le bassin, en attendant son prodigieux saut qui le propulse hors de l’eau, sur un rocher !

Comme les requins, les limules ont connu l’âge de glace, les chutes d’astéroïdes et l’extinction des dinosaures… Et ont survécu. On a récemment retrouvé un fossile vieux de 450 millions d’année et surprise, il est identique à l’espèce arthropode marin en forme de fer à cheval qui vit encore de nos jours dans les océans ! Du haut de ce minuscule limule de l’Aquarium de Paris, ce n’est pas 40 siècles, mais 450 millions d’années qui vous contemplent !

Périophtalme : le poisson grenouille qui saute sur les rochers !

Après avoir passé le bassin « étals des poissonniers » (bars, daurades royales…), plus classique, voici le dernier bassin de la visite, moins exotique, après les passages par l’océan Pacifique et l’Australie : la Seine. On y voit plein de poissons rouges, abandonnés par leur propriétaires et récupérés par l’aquarium. La visite se conclue donc par un petit coucou aux gardons, carpes et esturgeons. Ce dernier est fascinant ! Connu pour le caviar obtenu par ses œufs, l’esturgeon est aussi une espèce  préhistorique, présent dans les fleuves et océans depuis 300 millions d’années. Elle remonte les fleuves pour pondre ses œufs en eau douce, avant de regagner la mer. Le succès du  caviar et les barrages auront sûrement raison de ce poisson qui a survécu à tous les cataclysmes dont celui qui provoqua l’extinction des dinosaures.

On conclut par un dernier salut au doyen de l’Aquarium de Paris, Titi, 33 ans et toutes ses dents. Pas le canari pourchassé par Grosminet, mais un mérou, mascotte de l’aquarium. Il devrait encore vivre une vingtaine d’années supplémentaires, et saluer vos petit-enfants pour une prochaine visite à l’Aquarium de Paris dans les années 2040 !

Titi le mérou

Publié par Nicolas Pelé

Le voyage est la passion de ma vie : chaque départ est une aventure, peu importe la destination, et chaque fois que je prends l'avion, c'est comme la première fois.

Un avis sur « La Grande Barrière australienne et autres merveilles du monde du silence à l’Aquarium de Paris »

  1. On visite, on voyage, on s évade…. Merci pour ces articles qui me font découvrir des contrées inconnues ou de découvrir des monuments proches de chez moi et pourtant méconnus.

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