Dans les coulisses du siège de l’UNESCO à Paris

L’UNESCO, c’est bien plus qu’une liste de monuments classés au patrimoine mondial de l’humanité ! C’est tout un univers, aux multiples missions, dont la culture n’est qu’un des aspects… Cultival, agence parisienne de visites insolites, propose de partir à la découverte des coulisses du siège de cette prestigieuse organisation internationale, à Paris. Une visite guidée d’1h30, truffée d’anecdotes, où l’on admire 700 œuvres de Picasso, Miro, Giacometti, Bazaine, Tapies, Calder, Le Corbusier… mais aussi des mosaïques romaines antiques de Tunisie, un jardin japonais et même des ruines de Nagasaki et Hiroshima !

©UNESCO/C.Alix – Le siège de l’UNESCO à Paris. Au centre, cet immense globe symbolique évoquant le logo des Nations Unies est constitué de 10 000 baguettes d’aluminium. Cette structure sphérique réalisée en 1995 par l’artiste danois Erik Reitzel abrite en son centre une autre petite sphère pleine et dorée, clé de voute de la structure. Si on l’enlève, tout s’effondre ! Il s’agît d’une métaphore de la bonne coopération des états membres, sans quoi rien n’est possible.

Cultival, agence parisienne spécialisée dans les visites culturelles inédites, propose de découvrir des lieux habituellement fermés au public. Après les coulisses du Printemps Haussmann, j’ai exploré le siège de l’UNESCO, place de Fontenoy dans le 7ème arrondissement de Paris. L’occasion d’apprendre sa passionnante histoire et son fonctionnement. Suivez le guide !

©UNESCO/Ignacio Marin – L’entrée officielle, par où arrivent les chefs d’État, ne se trouve pas place de Fontenoy, d’où arrivent les visiteurs, mais au 125 Avenue Suffren. Les prestigieux invités passent par l’impressionnant auvent en béton de l’ingénieur italien Luigi Nervi, l’un des trois architectes du siège. Ce porche en coque de béton brut est surnommé cornette de religieuse en raison de sa forme…

Il est assez cocasse de constater que le siège de l’UNESCO, dont la mission est de promouvoir la paix entre les peuples, se trouve dans le quartier militaire de Paris, à deux pas des Invalides (qui abrite le tombeau de Napoléon et le musée de l’Armée) et face à l’Ecole Militaire, dans l’axe du Champ de Mars (dieu de la guerre) et de la tour Eiffel. Le site de trois hectares était auparavant occupé par une caserne de cavalerie et un dépôt d’artillerie… Un lieu qui a d’ailleurs connu les affres de la guerre le 7 août 1918, lorsqu’un obus lancé par la Grosse Bertha explosa dans la cour de la caserne Fontenoy, à l’emplacement de l’actuel siège de l’UNESCO.

©Nicolas Pelé – Symbole de la paix, le siège de l’Unesco se situe dans le prolongement de l’Ecole militaire et du Champ de Mars, le dieu de la guerre.

Fondé en novembre 1945 à Londres, l’UNESCO a pourtant choisi Paris pour établir son siège. Pourquoi Paris ? Car il s’agit de l’une des rares grandes villes européennes non détruite par la guerre, et donc apte à accueillir le siège dès la fin des hostilités. Entre 1946 et 1958, le siège de l’Unesco est situé dans l’ancien hôtel Majestic (l’actuel The Peninsula Paris), place Kleber dans le 16ème arrondissement de Paris. Un palace situé à deux pas de l’Arc de Triomphe, encore un symbole guerrier… De plus, il s’agissait de l’ancien quartier général des autorités militaires allemandes en France. L’édifice était alors l’un des rares à être vacant et assez grand pour accueillir l’institution. Un choix purement pragmatique donc, mais le fait d’investir un haut lieu de l’occupation nazie mit mal à l’aise une partie du personnel. Sans compter que les fonctionnaires, un peu à l’étroit dans les chambres, rangeaient leurs dossiers dans la baignoire… Après le départ de l’UNESCO, l’hôtel Majestic eut un autre rendez-vous avec l’Histoire : c’est ici que furent signés en 1973 les Accords de Paix de Paris, négociés par Henry Kissinger, mettant fin à la guerre du Vietnam.

©The Peninsula Paris – Façade du luxueux palace The Peninsula Paris, place Kléber, à l’époque hôtel Majestic, qui accueillit le siège de l’UNESCO de 1946 à 1958.
The Peninsula© Antonio Saba – De la terrasse du Majestic, aujourd’hui The Peninsula Paris, les fonctionnaires de l’UNESCO jouissaient également d’une vue splendide sur la tour Eiffel !

Inauguré en 1958, le bâtiment principal de l’UNESCO est considéré comme l’apogée de l’architecture moderne pour les édifices institutionnels. Soixante-douze pilotis de béton supportent la structure de sept étages formant une étoile à trois branches (ou un Y, c’est comme on veut), fruit du travail commun d’un trio d’architectes : le Français Bernard Zehrfuss, l’Américain Marcel Breuer, et l’Italien Pier Luigi Nervi. Une architecture fonctionnelle, brutaliste et neutre : il fallait éviter un style trop connoté à une civilisation (occidentale en l’occurrence), qui puisse contenter tous les pays. Et puis, finalement, cette architecture minimaliste arrangeait tout le monde car nous étions au sortir de la guerre, il n’y avait plus d’argent dans les caisses !

©Nicolas Pelé – Porté par 72 piliers de béton, une architecture brut de décoffrage ! La réalisation de cet édifice, fruit de la collaboration de trois architectes français, américain et italien, est l’une des plus belles prouesses de l’usage du béton armé. Le bâtiment exploite des matériaux aussi divers que le travertin romain, le granit de Bretagne, le quartzite de Norvège, le verre de Saint-Gobain…

Mais à peine inauguré, le siège de l’UNESCO manque déjà de place ! Le bâtiment d’origine s’avère en effet rapidement trop petit pour accueillir les 2 300 employés du siège de 169 nationalités différentes ! Pour gagner de la place, l’architecte brésilien Roberto Burle Marx a eu l’idée d’ajouter des bureaux dans des patios souterrains. Il faut dire qu’on est passé de 37 à 195 états membres (193 depuis 2018, je vous explique pourquoi un peu plus tard), cela en fait du monde ! Il se trouve qu’entre temps, on a assisté à la décolonisation en Afrique, puis à la dislocation de l’URSS suivie de celle de la Yougoslavie, autant de bouleversements qui ont créé une floppée d’Etats ! L’UNESCO a d’ailleurs 54 bureaux dans le monde, sur tous les continents.

©UNESCO/C.Alix – Le paysagiste brésilien Roberto Burle Marx a imaginé entre 1963 et 1964 ces six patios souterrains pour rajouter des bureaux, l’immeuble initial se révélant rapidement trop petit

Au 195 états membres s’ajoutent 12 membres associés, territoires au sein d’un Etat, non responsable de la conduite de leur politique étrangère. Ils n’ont pas le droit de vote et ne peuvent pas siéger au Conseil. Il s’agît d’Aruba, de Curuçao, des îles Féroé, des îles vierges britanniques, de la partie hollandaise de l’île de Saint Martin, de Montserrat, d’Anguilla, des îles Caïman, de la Nouvelle Calédonie et de Macao. Quant aux deux derniers, il n’est pas certain que vous en ayez déjà entendu parler : les Tokélaou, archipel d’atolls polynésiens dépendant de la Nouvelle Zélande, et les îles Åland, province autonome de Finlande ! Il y a également des états observateurs, comme le Vatican.

En 2011, la Palestine passa du statut d’état observateur à celui de membre à part entière, ce qui provoqua le courroux des USA et d’Israël. La vengeance étant un plat qui se mange froid, ces deux pays ont mis sept ans à la mettre en application. Le 31 décembre 2018, les Etats-Unis et Israël quittèrent l’organisation, pour la punir de l’entrée de la Palestine comme nouvel état membre au siège de l’UNESCO. C’est pourquoi il n’y a plus 195 membres mais désormais 193… Un coup dur pour l’UNESCO, car les Américains contribuaient à 25% du budget ! Du reste, ils sont partis avec une ardoise bien salée qu’ils n’ont jamais remboursée…

On comprend pourquoi tout est désormais bon pour faire des économies, y compris ne hisser les drapeaux que durant les trois semaines de sessions plénières tous les deux ans au mois de novembre ! L’occasion de voter le budget (684,9 millions de dollars en 2022), les grandes orientations, et d’élire un conseil exécutif dont la moitié est renouvelée tous les deux ans. Depuis 2017, c’est Audrey Azoulay, ancienne ministre de la Culture de François Hollande, qui est à la tête de l’UNESCO.

©Nicolas Pelé – Mais où sont les drapeaux ? Lors de ma visite, il n’y avait pas de drapeau sur les mats. La raison est simple, pécuniaire… Il faut dire qu’avec les intempéries, ça s’abime vite un drapeau, et ça coûte cher ! Les 193 drapeaux ne sont hissés en haut des mâts que deux à trois semaines tous les deux ans, en novembre, pour la conférence générale.
©Nicolas Pelé – Prouesse architecturale, le Grand Auditorium en béton en forme d’accordéon, au toit plissé en cuivre, bénéficie d’une acoustique exceptionnelle. Cette grande salle de conférence accueille les sessions plénières tous les deux ans, mais aussi régulièrement des événements, spectacles et autres défilés de mode.
©Nicolas Pelé – C’est dans cette grande salle de 1 350 places que se réunissent tous les deux ans les 193 états membres et les états associés lors des séances plénières. Surnommée ironiquement Notre-Dame du radiateur, elle bénéficie d’une acoustique exceptionnelle, grâce au design de ses murs de béton en papier plié.

L’UNESCO c’est quoi ?

L’UNESCO, Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture, est une institution spécialisée de l’ONU née sur les décombres de la Seconde Guerre mondiale, sous l’impulsion de la France et du Royaume-Uni. Comme l’ONU dont elle est un organe externe, elle entend, pour ses pères fondateurs, contribuer à la paix dans le monde et à une meilleure entente entre les peuples. Bref, l’idée est d’éviter le déclenchement d’une nouvelle guerre mondiale en promouvant l’éducation, la science et la culture.

« Les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix » : cette devise est la première phrase de l’acte constitutif de l’UNESCO, signée le 16 novembre 1945 par les 37 états fondateurs.

Elle est inscrite en dix langues sur un mur de pierre : les six langues officielles de l’UNESCO : russe, arabe, chinois, anglais, espagnol, français, ainsi que l’hindi, l’italien et le portugais, et bien sûr l’hébreu pour cette œuvre de l’artiste israélien Dani Karavan, rendant hommage au Premier Ministre israélien Yitzhak Rabin, assassiné le 4 novembre 1995 par un extrémiste juif. Les phrases en arabe et en hébreu sont symboliquement situées sur le même cadre.

Notons un petit changement dans l’air du temps. Voici officiellement la nouvelle version de cette phrase dans la constitution de l’UNESCO :
« Les guerres prenant naissance dans l’esprit des femmes et des hommes, c’est dans l’esprit des femmes et des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix. ».

Inauguré en 1996, ce mur de la paix où sont gravées en dix langues les premières lignes du préambule de l’Acte constitutif de l’UNESCO se trouve au square de la Tolérance, dans les jardins, symboliquement face à un vieil olivier, symbole de paix. A ne pas confondre avec le Mur pour la Paix, monument de Clara Halter réalisé en mars 2000, sur lequel est inscrit le mot paix en 49 langues sur de grands panneaux de verre. Cet autre mur de paix se trouvait sur le Champ de Mars, devant l’École militaire, pas loin donc du siège de l’UNESCO. Il fut démonté en juin 2020, en attendant d’être remonté on ne sait pas quand ni où…

©UNESCO/Ignacio Marin – Le mur de la Paix dans le square de la Tolérance, où sont gravées les premières lignes de la Constitution de l’UNESCO en dix langues. Cette stèle faisant face à un olivier, symbole de paix, est l’œuvre de l’artiste israélien Dani Karavan. Inauguré en 1996, le « Square de la tolérance » de Dani Karavan est un don de l’artiste et de l’Etat d’Israël.

Aujourd’hui l’UNESCO est surtout connu pour ses sites classés au patrimoine mondial, fer de lance de l’institution. Or cet aspect culturel ne représente qu’une petite partie de la mission de cette organisation qui s’attache surtout à promouvoir la paix, l’éducation et la science. L’éducation représente d’ailleurs la plus grande partie du budget, avec de nombreux programmes. L’UNESCO s’intéresse aussi beaucoup au cycle de l’eau et à l’océanographie. Par exemple, après le tsunami du 26 décembre 2004 (230 000 morts dans l’océan Indien), elle a pris l’initiative d’installer des balises sous-marines afin de prévenir les risques. L’organisation lutte également contre le vol des objets d’art, tente de faire reculer le désert au Sahel, encourage l’éducation des filles dans les pays où elles en sont privées, etc… Au Liban, suite à la terrible explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020, l’UNESCO a réhabilité et reconstruit 95 écoles, 20 centres d’enseignement et de formation professionnelle et trois universités.

©Nicolas Pelé – Maquette du siège de l’UNESCO à Paris : on voit bien la forme en étoile à trois branches ou Y, l’entrée place de Fontenoy en bas à droite, le bâtiment en forme cubique qui accueille la presse en bas à gauche (à côté du jardin japonais et du square de la Tolérance), le grand auditorium en accordéon en haut à gauche et les six patios (on n’en aperçoit que quatre ici) accueillant des bureaux, en haut à droite.

La notion de patrimoine mondial de l’UNESCO ne vit le jour qu’en 1972. Cette prise de conscience, on la doit à un haut fait d’arme de l’UNESCO, qui supervisa le sauvetage du temple d’Abou Simbel en Egypte, démonté pierre par pierre de 1960 à 1968 pour le reconstituer 200 mètres plus loin et 61 mètres plus haut. Un chantier pharaonique qui évita à ce fabuleux site d’être englouti par la montée des eaux du Nil provoquée par la construction du barrage d’Assouan. Pour la première fois, la communauté internationale prend conscience de la perte irréparable que cette disparition représenterait pour l’humanité. « Aujourd’hui, pour la première fois, toutes les nations sont appelées à sauver ensemble les œuvres d’une civilisation qui n’appartiennent à aucune d’elles. », déclara André Malraux le 8 mars 1960 à propos du sauvetage des temples d’Abou Simbel. C’est le succès de cette campagne internationale qui inspira l’élaboration et l’adoption de la Convention de l’Unesco de 1972 sur le patrimoine mondial. La même année, l’UNESCO sauve le temple bouddhiste de Borobudur, sur l’île de Java en Indonésie, de l’effondrement.

Le symbole de l’UNESCO est le fronton d’un temple grec, et pas n’importe lequel, le Parthénon, bâti sur la colline de l’Acropole, à Athènes. Phidias, le sculpteur qui fut chargé par Périclès de le décorer, disait qu’il n’avait pas de dimension, mais des proportions. Le logo de l’UNESCO est une référence aux monuments qu’elle préserve et à la Grèce, où est née l’idée de démocratie au VIème siècle avant J.C. Car à l’UNESCO, c’est la démocratie qui prévaut : un pays égale un vote, et n’en déplaise à la Chine qui n’est pas très fan de ce système politique, son vote ne vaut pas plus que celui des Fidji !

Ce n’est qu’en 1978 que les premiers lieux sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial. Dans cette sélection, la France n’est pas représentée. Il faudra attendre un an de plus, en 1979, pour que cinq joyaux de notre patrimoine entrent au « Panthéon » mondial : La basilique et la colline de Vézelay, la cathédrale de Chartres, le Mont-Saint-Michel et sa baie, le palais et le parc de Versailles, ainsi que les sites préhistoriques et les grottes ornées de la vallée de la Vézère. En 2022, 1 154 sites sont inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO, ainsi que 169 géoparcs et 727 réserves de biosphère, un peu partout sur la planète.

Rappelons qu’au Vème siècle avant J.-C., le Grec Hérodote, père de l’Histoire et inventeur de la géographie, recensait déjà sept merveilles de l’Antiquité, une liste limitée au monde connu par les Grecs, ignorant les autres civilisations. Seule la pyramide de Khéops en Egypte, bien évidemment classée au patrimoine de l’UNESCO, est miraculeusement parvenue jusqu’à nous. Le phare d’Alexandrie (Egypte), les jardins suspendus de Babylone (Irak), le colosse de Rhodes (Grèce), le mausolée d’Halicarnasse (Turquie), la statue de Zeus (Grèce) et le temple d’Artémis à Ephèse (Turquie) ont malheureusement disparu : il n’y avait pas d’UNESCO à l’époque pour les protéger… Espérons que les sites classés à l’UNESCO seront toujours là dans 2 000 ans !

L’occasion de revenir sur la notion de patrimoine immatériel, de plus en plus présente : la gastronomie française, la pizza italienne, la fauconnerie, la calligraphie arabe… Cet aspect est apparu suite au fort déséquilibre dans la répartition des sites, l’Europe concentrant l’essentiel des biens « culturels » tandis que l’Afrique, l’Amérique et l’Océanie collectionnent les lieux « naturels ». Pour compenser, l’UNESCO a adopté en 2003 la « Convention sur le patrimoine immatériel » qui recense et met en valeur des rites, pratiques, coutumes, danses, traditions orales, arts du spectacle, techniques artisanales et autres savoir-faire dont regorgent les pays du Sud et qui sont souvent menacés de disparition en raison de la mondialisation. Ainsi, la langue sifflée sur l’île canarienne de La Gomera est menacée de disparition depuis la généralisation du téléphone portable. Un millier de langues sont d’ailleurs menacées de disparition à court terme…

©Nicolas Pelé – Salle II : cette salle a conservé son mobilier original de 1958, un véritable voyage dans le temps ! Le sol est en liège du Portugal.

Le siège de l’UNESCO, musée abritant plus de 700 œuvres d’art

Le siège de l’UNESCO est un véritable musée exposant plus de 700 œuvres d’Art ! Il s’agît de donations des différents pays de l’organisation. Dès la conception du site dans les années 1950, l’UNESCO a commandé à de grands artistes des œuvres destinées à embellir les lieux. C’est pourquoi le siège de Paris abrite et de loin le plus riche patrimoine artistique des Nations Unies. Citons notamment les peintures murales de céramique de Joan Miró (Le Ciel et la Lune), une fresque de Picasso (qu’il ne signe pourtant pas, estimant qu’une passerelle en béton bouche en partie la vue de son travail), un exemplaire de L’homme qui marche de Giacometti, une tapisserie de Le Corbusier, la tapisserie La Tour du Soleil de Jean Lurçat ou encore la photographie Les Roseaux de Brassaï (située au 7ème étage).

Les États font aussi régulièrement des dons, comme la Tunisie qui a offert une mosaïque romaine de la fin du IIème siècle (Diane chasseresse) et l’Islande qui a donné en 2007 une fresque d’Erró : L’Histoire de Thor. Dans les jardins trônent deux sculptures du XIIIème siècle représentant un cheval et un bélier, offerts par l’Azerbaïdjan. Au détour d’une allée, on pourra aussi admirer une divinité cambodgienne du XIIème siècle, une peau de vache pyrogravée du Burkina Faso, des statues égyptiennes et chinoises, un linceul péruvien… Autant d’œuvres qui témoignent sur plus de 6 000 ans d’histoire de la richesse de la diversité artistique du monde entier. 

©Nicolas Pelé – C’est la première œuvre d’art que l’on voit un fois la porte de sécurité passée. Cette sculpture bordeaux, qui n’a pas de titre, a été offerte par l’artiste danois Robert Jacobsen en 1993.
©UNESCO/C.Alix – L’imposante « Silhouette au repos », en marbre travertin, une œuvre toute en rondeurs, aux volumes généreux, de l’artiste britannique Henry Moore.
©Nicolas Pelé – Quel contraste avec L’Homme qui Marche, très mince silhouette d’1m83, allégorie de l’être humain occupé à découvrir le monde. Cette sculpture en bronze de 1960 du sculpteur suisse Alberto Giacometti, est exposée dans ce hall depuis 1969, année où l’Homme marcha sur la Lune…
©Nicolas Pelé – « Spirale », œuvre de l’artiste américain Alexander Calder, à côté du potager de légumes bio en provenance du monde entier. Cette sculpture de deux tonnes d’acier (qui fait face aux 6 300 tonnes de fer de la tour Eiffel) et dix mètres de haut ne passe pas inaperçue ! Le moindre souffle de vent la met en mouvement.
©Nicolas Pelé – Sur le même thème, voici d’autres moulins à vent : « Signaux éoliens » (1993), œuvre de Vassilakis Takis, donnée par la Grèce.
©Nicolas Pelé – « Diane chasseresse » : mosaïque romaine d’El Jem, fin du IIème siècle, offerte par la Tunisie en 1972.
©Nicolas Pelé – « L’Histoire de Thor », fresque de l’artiste islandais Erró sur la mythologie scandinave, don de l’Islande en 2007. Une référence à l’univers de Marvel qui plait beaucoup aux passionnés de la fameuse franchise !
©Nicolas Pelé – « La chute d’Icare » : fresque de Picasso placée à l’entrée de la salle des conférences. Cette immense peinture couvrant une surface d’environ 90 m² sur 40 panneaux de bois ne représente pourtant pas du tout la chute d’Icare, comme l’on cru des critiques d’art, mais un moment de détente et de loisirs de baigneurs…
©Nicolas Pelé –  Fresque qu’il ne signe pourtant pas, vexé, estimant qu’une passerelle en béton et un piler bouchent en partie la vue de son travail, ce qui n’est pas entièrement faux comme on peut le voir sur cette photo…

Cette peinture acrylique sur bois est l’une des œuvres majeures du siège de l’UNESCO, commandée dès l’inauguration en 1958 au grand Pablo Picasso. Il manquait deux choses à cette fresque murale et non des moindres ! La signature (sur place, on nous assure que c’est bien l’auteur de Guernica qui a peint cette œuvre d’art, aucune raison de ne pas les croire), et le nom de l’œuvre, aujourd’hui appelé La Chute d’Icare. En effet, ce n’est pas l’artiste espagnol qui a donné ce nom, mais un critique d’art, le vice-président du Comité des conseillers artistiques, qui voyait dans ce dessin la chute du mythique Icare. Le fils de l’architecte Dédale, auteur du labyrinthe du Minotaure à Minos en Crète, s’est en effet trop approché du soleil, faisant fondre la cire et brûlant ses ailes. Il fut précipité dans la mer qui porte aujourd’hui son nom, la mer Icarienne, où se trouvent notamment les îles de Kos et Samos. Une belle histoire de la mythologie grecque, mais Pablo Picasso révèlera bien plus tard qu’il avait tout simplement peint des baigneurs…

©Nicolas Pelé – « Rythme d’eau » : Ces mosaïques réalisées en 1960 vous rappellent peut-être celles qui ornent le plafond de la station de métro Cluny La Sorbonne ? Normal, elles sont l’œuvre du même artiste, le peintre Jean Bazaine, qui est également à l’origine des superbes vitraux contemporains de l’église Saint-Séverin dans le quartier latin.

Certaines de ces œuvres sont carrément des espaces. Nous avons déjà évoqué le square de la Tolérance et son mur de la paix. Un autre espace majeur du siège de l’UNESCO est le jardin japonais, dessiné par le sculpteur, architecte et paysagiste américano-japonais Isamu Noguchi. Il fut inauguré dès l’ouverture du siège en 1958. Appelé, je vous le donne en mille… jardin de la paix ! Un paysage miniature de 1 700 m² propice à la méditation. On y retrouve tous les éléments qui constituent un jardin japonais : un bassin surplombé par un pont traditionnel, un ruisseau, une forêt de bambou, des arbustes, des cerisiers, des pruniers, des magnolias et tout cela importé directement du Japon. Ses pierres pittoresques ont été choisies pour la beauté de leurs formes par Noguchi lui-même, sur une île japonaise. La plus haute de ces pierres est nommée Fontaine de la Paix. Le mot « paix » y est gravé en caractères japonais et à l’envers. Pour le déchiffrer, il faut donc contempler son reflet dans l’eau…

©Nicolas Pelé – « La Fontaine de la Paix » pierre de granit gris de 3,50 mètres de hauteur sur laquelle est gravée à l’envers en caractères japonais le mot « paix ». Pour le lire dans le bon sens (il faut déjà comprendre le japonais), il faudra regarder la réflexion dans l’eau qui coule dans le bassin au pied de la fontaine. Ce caillou aux airs de menhir pèse 7.8 tonnes ! Cette Fontaine de la Paix annonce le jardin de la Paix.
©Nicolas Pelé – Le jardin japonais ou jardin de la Paix.
©Nicolas Pelé – Bassin surplombé par un pont traditionnel, ruisseau, arbustes… On retrouve tous les éléments qui constituent un jardin japonais.

Autre espace majeur du site, encore un fois lié au Japon, le lieu dédié à la méditation. Et c’est encore un Japonais à la manœuvre ! L’UNESCO, qui a décidemment de bonnes relations avec le pays du Soleil Levant, demanda à l’architecte japonais Tadao Ando de bâtir un espace de méditation symbolisant la paix. Cette structure cylindrique de 6,5 mètres de haut de 33 m² en béton brut de décoffrage est pavée de dalles de granit irradiées le 6 août 1945 lors de l’explosion de la bombe atomique à Hiroshima. Pas de panique, l’ensemble a été décontaminé ! L’endroit épuré qui ne ressemble à rien de particulier fait un peu office de chapelle pour toutes les religions, invitant le visiteur à se recueillir et à méditer sur le pouvoir destructeur de l’être humain. Financée grâce aux nombreux donateurs japonais, cette œuvre fut inaugurée le 25 octobre 1995 à l’ouverture de la 28ème session de la Conférence, pour commémorer le 50ème anniversaire de l’adoption de l’Acte constitutif de l’UNESCO.

©Nicolas Pelé – Espace de méditation symbolisant la paix : On y accède en marchant sur une dalle de grès de Hiroshima. Ce cylindre en béton réalisé par l’artiste japonais Tadao Ando est une chapelle universelle. Son nom vous dit peut-être quelque chose : c’est celui qui a transformé et restauré la Bourse du Commerce pour en faire la Fondation Pinault.
©Nicolas Pelé – L’Ange de Nagasaki : cette tête d’ange est tout ce qu’il reste de la façade de l’église d’Urakami au-dessus de laquelle la bombe atomique a explosé le 9 août 1945, un miracle ! Elle fut offerte en 1976 par la ville de Nagasaki à l’occasion du 30ème anniversaire de la fondation de l’UNESCO.

On remarquera que le Japon est un grand donateur de l’UNESCO. Ange de Nagasaki, Jardin japonais, Fontaine de la Paix, Espace de méditation… Autant d’empreintes laissés par les Japonais, qui ont fortement contribué au prestige de ce lieu !

Publié par Nicolas Pelé

Le voyage est la passion de ma vie : chaque départ est une aventure, peu importe la destination, et chaque fois que je prends l'avion, c'est comme la première fois.

2 commentaires sur « Dans les coulisses du siège de l’UNESCO à Paris »

  1. Explication tres clair et bien detailles , Merci Nicolas , tes explicaions tellement clair nous poussent pour aller visiter et s’abreuver de ce lieu important , et eternelle , : » Que la paix regne dans le monde entier. »

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